RGO chez l’adulte : que faire pour soulager ?

SOMMAIRE :

Qu’est-ce que le RGO ?

La digestion commence au niveau de la bouche par la mastication. Une fois avalés, les aliments, devenus le « bol alimentaire », descendent le long de l’oesophage, dont le sphincter se dilate pour les laisser passer dans l’estomac. Le bol alimentaire y reste environ quatre heures et les sucs gastriques commencent leur travail. Normalement, au cours du repas, le cardia, sorte de clapet anti-reflux qui sépare l’œsophage de l’estomac, s’ouvre pour que les aliments tombent dans l’estomac où ils sont dissous par le suc gastrique. Mais ce liquide peut remonter de manière physiologique : c’est le reflux gastro-œsophagien, ou « RGO ».

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Le plus souvent, les remontées acides surviennent après les repas, la nuit ou dans certaines positions (lorsqu’on se penche en avant par exemple) et ne sont pas douloureuses.

Mais ces remontées acides peuvent être plus fréquentes et prolongées dans le temps. Cela crée une inflammation de la muqueuse de l’oesophage et une sensation de brûlure ( (ou « pyrosis »). Au fil des ans, ce reflux peut même provoquer une œsophagite avec parfois des érosions, voire des ulcérations de la paroi de l’œsophage.

Quelles sont les causes du reflux ?

Deux origines possibles :

  • La première est une mauvaise fermeture (béance) du cardia qui devrait empêcher les aliments de remonter de l’estomac vers l’œsophage. Cette malformation anatomique que l’on observe souvent chez les nourrissons, prématurés notamment, entraîne un reflux plus ou moins important.
  • La seconde, plus fréquente chez l’adulte, est une hernie hiatale, c’est-à-dire que le diaphragme, trop ouvert, laisse une petite partie de l’estomac remonter dans l’œsophage. On peut avoir ce trouble dès la naissance sans le ressentir puis, avec l’âge, la paroi de l’œsophage est de plus en plus irritée et le reflux devient douloureux.

Deux périodes à risque : tout le monde peut être touché à un moment de sa vie, avec deux périodes particulièrement propices, les premiers mois de vie et la grossesse.

  • Le reflux gastro-oesophagien chez les bébés, surtout les prématurés, est fréquent, mais il s’améliore rapidement, car le cardia se resserre peu à peu, les enfants se tiennent debout, ils mangent plus d’aliments solides…
  • Le reflux pendant la grossesse, est favorisé par l’augmentation du taux de progestérone (hormone) et par la position du bébé qui peut appuyer sur l’estomac et ainsi provoquer les remontées acides.

>> Le stress est un facteur de risque : il agit comme de l’huile sur le feu. Le stress favorise en effet l’altération de la perméabilité de la muqueuse œsophagienne et donc l’entrée de l’acide dans les cellules, et il vient ralentir la vidange gastrique.

Quels sont les symptômes du RGO ?

Une sensation de brûlure qui part du creux de l’estomac et remonte dans le thorax (pyrosis), des régurgitations et un goût d’amertume dans la bouche, plus ou moins fréquents et plus ou moins sévères. Ces symptômes peuvent apparaître après les repas et souvent la nuit ou le matin au réveil.

Mais un reflux peut aussi se traduire simplement par une toux inexpliquée, un nez bouché, une voix cassée ou des glaires au fond de la gorge le matin au réveil. Chez les tout-petits, ce seront plutôt des régurgitations douloureuses après le biberon ou des complications ORL ou pulmonaires (sinusite, maux de gorge… ).

>>A savoir : il n’y a pas toujours de corrélation entre l’intensité des symptômes et la sévérité du RGO. On peut par exemple souffrir d’importantes régurgitations acides, alors qu’on ne voit presque rien à la fibroscopie.

Que faire pour soulager le reflux ?

Les causes du reflux gastro-oesophagien sont principalement alimentaires. Il est donc conseillé de limiter sa consommation de thé, café, chocolat, les repas trop copieux ou gras. D’éviter aussi l’alcool et le tabac qui favorisent aussi le reflux (comme le surpoids).

La position allongée accentue souvent la sensation de reflux. On conseille d’observer un certain délai entre le dîner et le coucher (au moins 2 à 3 heures) et de surélever la tête de son lit, afin de l’incliner d’environ 30°. Le respect de ces règles hygiéno-diététiques améliore souvent beaucoup les symptômes.

Quels sont les traitements du RGO ?

Si le reflux est récent ou passager, on peut demander à son pharmacien un antiacide local ou pansement gastrique (Gaviscon®, Polysilane®…). Vendus sans ordonnance, ces médicaments, à prendre dès les premiers signes de gêne, forment un gel visqueux qui surnage dans l’estomac et protège l’œsophage en cas de reflux. Ils soulagent immédiatement et peuvent être utilisés aussi souvent que nécessaire.

Si les remontées acides sont fréquentes, le médecin pourra prescrire un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), une famille de médicaments qui diminuent considérablement l’acidité gastrique. Selon les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), les IPP (oméprazole, pantoprazole… ) doivent être prescrits pour une durée initiale de 8 semaines maximum. À l’issue de ce délai, la posologie sera éventuellement réduite. Excepté dans de rares cas spécifiques, ces médicaments ne doivent pas être pris en permanence, car ils comportent certains effets secondaires, notamment une augmentation des risques d’ostéoporose (surtout chez les femmes de plus de 65 ans), une carence en vitamine B12 et en magnésium et un risque de gastrite chronique.

Si cela reste très douloureux, il est possible d’intervenir pour redonner au sphincter oesophagien sa fonctionnalité. Appelée fundoplicature, l’intervention consiste à enrouler la partie supérieure de l’estomac (le fundus) autour de la partie inférieure de l’œsophage pour rétrécir le passage. Les meilleurs résultats s’obtiennent chez les patients répondant bien au traitement par IPP. L’objectif étant de limiter la prise de médicaments. Mais la chirurgie reste une option de dernière intention. Elle peut en effet provoquer une gêne fonctionnelle plus ou moins impactante (ballonnements, flatulences, douleurs à l’estomac…). Elle s’adresse surtout à des personnes en bonne forme physique qui souffrent en permanence, en cas de reflux compliqué ou à celles dont les lésions d’œsophagite ne cicatrisent pas bien malgré le traitement.

Quand consulter en cas de reflux ?

Si malgré ces mesures hygiéno-diététiques et les traitements antiacides les symptômes persistent ou s’aggravent, ou si les brûlures reviennent dès que vous arrêtez de prendre un médicament, prenez rendez-vous chez le médecin. Consultez également si :

  • Vous avez plus de 50 ans et que les symptômes du RGO sont apparus récemment.
  • Vous pensez que le RGO est lié à un traitement médicamenteux que vous prenez
  • Que c’est accompagné d’autres symptômes : régurgitations douloureuses, toux, traces de sang dans les régurgitations, difficultés à avaler, voix enrouée…
  • Vous maigrissez rapidement.

Comment savoir si c’est un reflux ?

Après un examen clinique et un interrogatoire, le médecin prescrira si nécessaire une endoscopie œso-gastro-duodénale à jeun, pour rechercher des malformations anatomiques comme une béance du cardia ou une hernie hiatale et des complications éventuelles du reflux. C’est l’examen de référence à faire en cas de symptômes atypiques et/ou après 50 ans.

Si les signes cliniques sont très évocateurs de reflux, une pH-métrie permet de mesurer les variations du taux d’acidité (pH) dans l’œsophage pendant 24 heures à l’aide d’une petite sonde introduite par la narine jusqu’à l’œsophage.

Quels aliments pour prévenir le reflux ?

Les légumes sont les premiers protecteurs contre le reflux car leurs antioxydants protègent la muqueuse de l’oesophage. Les fruits sont aussi une excellente source d’antioxydants mais on les limite à 2 ou 3 par jour car ils sont riches en sucres fermentescibles, et on les consomme en dehors des repas car, consommés en fin de repas, ils favorisent la fermentation et la production de gaz dans l’estomac.

Important pour limiter l’inflammation : rétablir un bon équilibre entre oméga-3 (anti-inflammatoires) et oméga-6 (pro-inflammatoires), et cela passe en priorité par la consommation d’huiles de colza ou de cameline pour l’assaisonnement et d’huile d’olive pour la cuisson. Les oméga-3 vont aussi aider à renforcer les membranes cellulaires de l’œsophage constituées de gras.

La meilleure épice : le curcuma. Grâce à son principe actif, la curcumine, il agit comme un anti-inflammatoire sur la sphère digestive en cas de reflux, d’ulcère gastrique, ou de maladies inflammatoires de l’intestin. Pour une meilleure assimilation, consommez-le dans un repas avec une matière grasse (huile, lait de coco) et du poivre ou du gingembre.

>> On prend aussi le temps de manger. Il est démontré que lorsque les repas sont pris trop rapidement, le reflux augmente. En outre, plus on prend son temps, plus on mastique et plus on on produit du bicarbonate anti-acide et des enzymes qui amorcent la digestion. Et on évite  tout ce qui entraîne une distension gastrique : la soupe, l’eau en quantité durant les repas ou les boissons gazeuses.

Quels remèdes naturels sont efficaces contre le reflux ?

La guimauve : grâce à sa haute teneur en mucilages, la guimauve protège la muqueuse digestive. On l’achète en poudre chez un herboriste, et on prépare une boisson en délayant 1 c. à c. de guimauve en poudre dans un verre d’eau froide ou chaude. À boire un quart d’heure avant les repas.

Le lithotamne: cette algue rouge agit en luttant contre l’acidité. En poudre, prendre une cuillère à café dans un verre d’eau le soir après le dîner ou dans la journée en cas de reflux.

Le gel d’aloe vera : 1 cuillère à soupe matin, midi et soir, avant et après le repas.

Les huiles essentielles : déposez (au choix) une goutte d’huile essentielle de menthe poivrée, basilic tropical ou marjolaine à coquilles sur une boulette de mie de pain ou une cuillère à café de miel et avalez en fin de repas.

L’homéopathie : pour agir sur l’acidité, Robinia 5 CH, 5 granules avant les trois repas sur quinze jours, puis 2 fois par jour quand l’état s’améliore. Si le reflux est important Sulfuricum acidum 5 CH, 5 granules avant les trois repas.

>> Découvrir aussi : 6 remèdes de grand-mère pour soulager les remontées acides

Sources :

  • Dre Sylvie Grimbert, gastro-entérologue au groupe hospitalier Diaconesses-Croix Saint-Simon (Top santé n°373, octobre 2021)
  • Ameli
  • Dr Martine Cotinat, gastro-entérologue, auteure de Soignez le reflux naturellement (éd. Thierry Souccar)

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